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The approach chosen for the second of three Round Tables on Tudor Theatre concerned with folly is founded, most fundamentally, on the recorded usages in the early modern period of the terms “folly” and “madness”, both of which could carry varying degrees of intensity and either anticipate or blur the distinctions established in modern English between them. Contributors to the volume take the semantic issue as a starting point for exploring verbal and behavioural instances of the motif, as found in a wide variety of early modern dramatic discourse, including moral interludes, Jonsonian comedy and examples of comedy and history plays by Shakespeare. Several authors extend the topic to forms of expression ranging from jest-books, treatises on civility, and a personal journal (of Drummond of Hawthornden), to medical discourse (notably on melancholy).
Sarah Carpenter
Laughing at Natural Fools
Cet article se penche sur les attitudes et les discours à la Renaissance autour du fou dit « naturel » en tant que source de rire. Les principaux aspects traités sont : la nature du plaisir fourni, les jugements et réactions des spectateurs qui obtiennent ce plaisir et la satisfaction qu’ils en tirent. Les témoignages et réflexions de Robert Armin en particulier – mais également d’autres écrivains, tel John Heywood – servent à éclairer la façon dont cette sorte de folie était conçue au XVIe siècle, tant par rapport aux fous « véritables » entretenus dans certaines grandes maisons que par rapport à leur représentation sur scène.
Roberta Mullini
“These sixe parts of folly”: Robert Armin’s Moralising Anatomy of Fools’ Jests
On analyse ici la progression entre l’ouvrage original de Robert Armin, Foole upon Foole (1600), qui prend une approche réaliste et descriptive de certains « fous naturels » (en témoignent des chevauchements avec le discours de la physionomie), et sa deuxième édition révisée, A Nest of Ninnies (1608). Dans cette dernière, l’auteur ajoute une structure dialogique qui met en valeur les personnages de Sotto et Lady World. Ce faisant, il impose un cadre moralisateur et pseudo-philosophique qui fait ressortir des échos des pièces morales allégoriques.
Marie-Hélène Besnault
Telling, Showing and Interpreting Mad Discourse in Renaissance Drama
Les scènes de folie abondent à la Renaissance. La façon dont elles sont décrites par des témoins sur scène, ou par l’auteur et ses éditeurs dans les indications scéniques, nous éclaire sur le jeu des acteurs et les différentes interprétations possibles. à l’aide de renseignements sur l’approche contemporaine de cette pathologie, et en particulier d’extraits de l’Anatomie de la mélancolie de Robert Burton, cet article se propose de suppléer le manque d’indications claires ou de compléter les indications implicites trouvées dans les textes. L’objectif est de rendre plus vivantes, aux yeux du lecteur moderne, les scènes de folie où le discours corporel et les modalisations vocales ont au moins autant d’importance que les paroles dites par le comédien. Il va sans dire que l’art des acteurs joue un rôle primordial.
Bob Godfrey
Melancholy and the Folly of Love
Robert Burton écrivit dans son Anatomie de la mélancolie (1621) que la folie, la mélancolie et la démence n’étaient que différents noms pour une seule et même maladie relevant du délire. Une forme de ce délire, à laquelle Burton consacra beaucoup d’attention, est la mélancolie de l’amour. C’est à la lumière des idées de Burton que cet article considère la manière dont plusieurs dramaturges abordaient les états extrêmes de l’amour au XVIe siècle et au début du XVIIe. Il se concentre sur The Lover’s Melancholy (La melancolie de l’amoureux) par John Ford, une pièce évidemment conçue pour illustrer les arguments de Burton.
Pauline Ruberry-Blanc
“My masters, are you mad? Or what are you?”: Discourses of Incivility and Madness in Twelfth Night
Cet article a pour but de tracer la frontière parfois poreuse entre la folie et l’idée relativement récente à la Renaissance de l’incivilité, en s’appuyant sur les expressions variées de la folie qui parsèment la comédie shakespearienne de Twelfth Night (La nuit des rois), voire lui donnent sa structure. Une attention particulière est accordée au fonctionnement ambigu de la colère, un phénomène qui est examiné dans le contexte des discours moraux, mais aussi dans celui du schéma générique de la comédie romantique.
Richard Hillman
Signifying Nothing: Easier Done Than Said?
Cet essai prend pour point de départ un paradoxe propre au langage théâtral : communiquer du sens rend la représentation de la folie « pure », le non-sens, problématique et instable. Ce paradoxe est exploré à travers plusieurs exemples tirés du théâtre renaissant anglais, mais aussi des « miracles » français. S’appuyant sur ces derniers, l’on émet l’hypothèse que le personnage du sage-fou ainsi que celui du fou « feint » pourraient avoir un double héritage, à la fois théâtrale et théologique. Non seulement leur non-sens est-il médiatisé et contextualisé par le sens – sous plusieurs formes –, mais leur folie vacille entre ses aspects humain et divin.
Olena Lilova
Manifestations of Folly in Henry Medwall’s Morality Play Nature
« Folly » est le deuxième nom de « Sensuality » dans la moralité Nature d’Henry Medwall. Il s’agit du personnage-Vice principal, qui s’oppose à « Reason », selon le modèle classique du genre, en essayant d’avoir le dessus sur l’Homme. Sensuality/Folly s’avère particulièrement attrayant du point de vue du public, grâce à ses paroles amusantes et les nombreuses situations comiques dans lesquelles il est impliqué. D’après cette étude, cela pourrait traduire l’inquiétude du dramaturge quant au potentiel de l’être humain, au seuil de la première modernité, à donner libre cours à ses pulsions sensuelles.
Greg Walker
Folly in Lyndsay’s Ane Satire of the Thrie Estaitis Revisited
Cet article avance l’argument que la pièce socio-politique à grande échelle de David Lyndsay, Ane Satire of the Thrie Estaitis, offre au public une représentation soigneusement structurée de la folie dans la société et la vie publique écossaises. à partir d’une dénonciation des excès de jeunes monarques, la pièce procède à travers la condamnation de la supposée corruption de l’église institutionnelle et l’exploitation des pauvres, pour arriver enfin à la révélation que toute la société partage la responsabilité de la condition consternante dans laquelle se trouve l’écosse. Toute la société est donc appelée à contribuer à son rétablissement. Le procédé qui consiste à révéler petit à petit l’étendue de l’emprise de la folie atteint son apogée avec l’entrée sur scène de Folly lui-même comme le tout dernier des personnages.
Sam Gilchrist Hall
Richard II: Folly, Degeneracy and Deformity
L’auteur propose que la philosophie équivoque de l’histoire que Shakespeare laisse apercevoir dans Richard II peut être comprise en écoutant attentivement les voix de la déraison. Le dramaturge détourne en effet la signifiance des métaphores animales trouvées dans ses sources, où elles désignent les pauvres et les démunis, pour évoquer plutôt la rapacité et stupidité destructrice des flatteurs du roi. Le discours de la folie est profondément imbriqué dans le langage de la pièce et rend accessible une version alternative de l’histoire qui, loin d’énoncer des vérités, révèle les mensonges des versions orthodoxes qui ont fourni à Shakespeare son matériau.
Martina Pranić
“The purpose must weigh with the folly”: The Role of Falstaff in Shakespeare’s Henry IV Plays
Souvent compris comme une combinaison, d’un côté, du personnage-Vice subversif qui détourne le Prince Hal de la vertu et, de l’autre côté, du carnavalesque anarchique qui fait obstacle au pouvoir centralisant, Falstaff a toujours plu au public, et le désir de rire avec lui, mais aussi à ses dépens, est toujours courant. Malgré la tendance à le catégoriser, Falstaff reste original et spécifiquement shakespearien. Cet article étudie le rôle joué par sa folie dans la structure du « Henriad » par rapport aux façons de conceptualiser le phénomène à l’époque pré-moderne. L’auteur considère également deux incarnations très différentes du personnage dans le théâtre de nos jours.
Laura Christophe
Madness and Viciousness: The Example of Webster’s Ferdinand
Cet article a pour objet d’étudier différentes facettes de l’utilisation de la folie sur scène grâce à l’analyse d’un unique personnage : le duc Ferdinand, tyran manipulateur et frère possessif de la célèbre duchesse d’Amalfi dans la pièce éponyme écrite par John Webster en 1616. Il s’agit de montrer en quoi le thème de la folie, utilisé par l’auteur dans toute la richesse de ses différentes significations, allant de la perversité à l’insanité, permet de faire de Ferdinand un personnage tout à fait complexe : un parfait méchant qui ne devient pourtant jamais un stéréotype de son genre.
Peter Happé
Satirising Folly in Some of Jonson’s Late Comedies
Ben Jonson considérait la comédie comme une forme fondamentalement morale, et pratiqua la satire sa carrière durant. Dans ses comédies plus tardives, il tenta diverses expériences avec les sous-genres comiques et inventa plusieurs approches pour satiriser la folie. Avec Bartholomew Fair, The Devil Is an Ass et A Tale of a Tub il tourna le dos à la tradition théâtrale de bouffons et de clowns pour se concentrer plutôt sur la folie comme manifestation de la condition humaine. Néanmoins, les comédiens jouant dans ces pièces auraient pu profiter de leur connaissance des techniques comiques plus traditionnelles.
John J. McGavin
“Nice Opinion — God of Fools”: Drummond of Hawthornden and Folly
Cet article se fonde sur les journaux intimes de Drummond of Hawthornden (1585-1649), poète et homme de lettres écossais, pour essayer de comprendre en quoi la folie était significative pour lui. Quelle était, dans son esprit, la relation entre la folie et la représentation publique du soi, la réputation ou encore la connaissance de soi ? Par ailleurs, les idées de Drummond sur la folie auraient-elles pu contraindre sa production créative ?